Au printemps 1941, le jeune Nikolaï Nikouline habite Leningrad, cette ville, redevenue Saint Petersbourg aujourd’hui, qui va connaître un des sièges les plus terribles de l’histoire. Mais, très vite enrôlé, Nikolaï va surtout nous raconter sa guerre en tant qu’artilleur ou fantassin selon les périodes.

Son témoignage est passionnant. Il est d’abord fort bien écrit : « Au début de la guerre, les troupes allemandes sont entrées sur notre territoire comme un couteau chauffé à blanc plonge dans du beurre. Et l’on n’a rien trouvé de mieux pour freiner leur avancée que d’inonder cette lame de sang. Peu à peu, elle a commencé à rouiller et sa progression s’est ralentie. Mais le sang a continué à se répandre. C’est ainsi qu’ont péri tous les volontaires de Leningrad. Enfin, le couteau s’est arrêté. Mais il était encore solide, presque impossible à faire reculer. L’immense hémorragie de 1942 a tout de même fini par l’émousser peu à peu, forgeant ainsi notre future victoire. »

S’il rend hommage au courage du fantassin russe, Nikouline n’est pas tendre avec le haut-commandement : ordres absurdes, attaques frontales suicidaires, mépris de la vie du soldat, tout y passe. Son témoignage est d’autant plus intéressant qu’il nous fait bien comprendre que le comportement méprisable de la plupart des hauts-gradés est directement lié à l’idéologie communiste.

Lui-même, profondément chrétien, refuse d’adhérer au Parti malgré les risques encourus. Le peloton d’exécution l’attendait sans doute, mais une contre-attaque allemande change le cours des évènements : «Les hommes proposent et Dieu dispose » écrit-il sobrement.

Cette sobriété, rend l’auteur très attachant. Plusieurs fois blessé et décoré, il ne se met jamais en avant, préférant nous décrire d’autres héros anonymes, « les vrais vainqueurs de la guerre », qui ne sont ni les généraux, ni Staline.

Nikouline ne cache rien des horreurs des combats, les blessés, les cadavres, il décrit tout. Il ne cache rien non plus des horreurs commises par les troupes soviétiques en Allemagne. Il fait tout pour empêcher les meurtres, les pillages, les viols, parfois avec succès, souvent en vain.

C’est en 1975 que, pris d’un irrépressible besoin, il écrivit ses carnets d’une traite, sans penser les publier. Sa famille le fera pour lui en 2007, la disparition du régime communiste permettant la publication de textes aussi critiques.

De très beaux carnets, écrits par un honnête homme.

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