A l’académie de musique de New-York, en l’année 1870, Newland Archer assiste à la première de Faust. Il y a là tout ce que la ville compte de gens riches mais élégants, et très pointilleux sur les conventions. Ils sont l’aristocratie new-yorkaise. Comme un symbole, le lieu est étriqué et inconfortable, ce qui est une bonne chose car cela permet de tenir à distance « les nouveaux riches dont New-York commençait à sentir à la fois l’attrait et le danger ».
Archer est un homme heureux : de sa place il contemple, assise au milieu de sa famille, sa fiancée, May, dont la beauté l’éblouit. Mais une nouvelle venue attire l’attention : « Voyez-vous ça » s’exclame Lawrence Leffert, « l’arbitre suprême à New-York en matière d’étiquette ».
Dans la loge de la famille de May, vient d’apparaître en effet sa cousine, la comtesse Olenska. Un parfum de scandale l’entoure. Elle vivait en Europe, ce qui n’est déjà pas très convenable, avec un homme qu’elle vient de quitter. Elle est belle également. Archer la reverra et un grand dilemme va l’assaillir.
Pour beaucoup, L’âge de l’innocence, qui obtint le prix Pullitzer, est le roman le plus accompli d’Edith Wharton. On apprécie en effet beaucoup les descriptions des méandres amoureux et de la psychologie des protagonistes. Il y a de l’humour, de la gravité et une réjouissante ironie sous-jacente. Mais si ce roman est brillant, c’est aussi dans la description de cette aristocratie new-yorkaise qui n’est d’ailleurs pas une vraie aristocratie. Mrs Archer, la mère de Newland le sait bien : « Nos grands-parents et nos arrières grands-parents n’étaient que d’honnêtes marchands anglais ou hollandais venus faire fortune dans les colonies. »
Pour autant, elle est devenue une certaine forme d’aristocratie qui, dans un splendide isolement, veille à maintenir les traditions. Elle est en train de disparaître : « désormais, le pays était aux mains des hommes d’affaires et des immigrants. » Elle le sait mais n’en montre rien. C’est presque une description sociologique très vivante à laquelle se livre l’auteur.
Ce New-York disparu, inconnu de nous, Edith Wharton le fait revivre avec talent.
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