Jocelyn revient de la guerre des Boers, estropié d’une jambe. Sa famille lui prépare un emploi dans un bureau, ce dont il ne veut pas. Afin d’éviter un conflit inévitable, il part à Torminster, s’installer chez ses grands-parents. La première vision de la ville le frappe au coeur: « La cathédrale s’élevait dans toute sa gloire, avec sa majesté adoucie mais non affaiblie par la tiède lumière, et ses clochers se détachaient sur le ciel, palis mais vigilants. »

Le grand-père est pasteur, un saint homme soupire sa femme et qui donne ce qu’il n’a pas. Ils ont recueilli leur petit-fils et adopté Henriette une orpheline dotée d’une incroyable imagination. Jocelyn se plait dans cet univers , mais quelle voie emprunter pour sa vie future ?

Grâce à Henriette, Jocelyn et son grand-père se lient avec un voisin étrange. Il sourit, ne se livre pas, fait des dettes et écrit des poèmes au milieu d’un fatras de livres. Il s’appelle Ferranti : que fait cet Italien dans cette campagne si anglaise ? Un jour, il disparaît. Henriette est désespérée, le pasteur aussi : il est persuadé que Ferranti s’est suicidé et se rend responsable de ne pas l’avoir sauvé.

La ville bruisse de rumeurs. On prête à Jocelyn l’intention d’ouvrir une libraire dans la maison de Ferranti. Il n’y pense guère et veut retrouver le poète disparu.

Elizabeth Goudge connut la gloire en Angleterre tout au long du XXe siècle. Ses romans, parfois inégaux, ont un charme qui conquiert vite le lecteur. La qualité des descriptions, l’aspect lumineux de certains personnages, Henriette et la très belle Félicité en l’occurrence, font des romans si agréables à lire. On lui pardonne volontiers certaines situations peu vraisemblables, défaut qu’elle assumait d’ailleurs parfaitement.

Certes, le talent d’Elizabeth n’atteint pas la grandeur littéraire de George Eliot ou d’Anthony Trollope. Mais tout en étant plus faciles, ses histoires se lisent avec tant de plaisir qu’elle mérite de rester parmi les écrivains qui ne doivent pas disparaître.