« Au temps du grand Napoléon et quand on commença de faire la guerre en Espagne » raconte la vieille au cours de ces veillées qui permettait la transmission des savoirs, une famille de paysans, les Grange, s’est enrichie à force de travail et d’intelligence.
Un des garçons a même fait fortune dans les îles, laissant son frère exploiter la belle ferme perdue au milieu des sapins. Il revient faire son testament, donnant tout à ses deux nièces, Anne-Marie et Pauline, et repart au-delà des mers. Mais sa venue n’est pas passée inaperçue. Tout se sait, en Auvergne comme ailleurs, surtout dès qu’il s’agit d’argent.
A la suite de de divers petits évènements, Anne-Marie doit rester seule dans la ferme une nuit. Du haut de ses quatorze ans elle n’est guère rassurée. Elle a raison, car elle a oublié de fermer une des portes et un homme se cache sous son lit. Il émerge de sa cachette vers les 11 heures et fouille toute la maison. Anne-Marie, terrifiée, fait semblant de dormir. L’homme finit par sortir et appelle des complices. La jeune fille se précipite et se barricade. La porte est en chêne et le voleur, un Monsieur et non un paysan dira-t-elle, ne peut plus entrer. Il veut récupérer son beau couteau et promet de s’en aller ensuite. Elle consent, l’homme passe la main sous la porte et « Anne-Marie se saisit du coutelas et en décharge un coup qui tranche le petit doigt et à moitié les deux autres. »
L’affaire est très grave et le père d’Anne-Marie consulte Gaspard, la figure du pays malgré sa jeunesse. Sa force et son habileté lui seront bien utiles pour résoudre cette énigme et protéger Anne-Marie à qui une profonde tendresse le lie.
Le roman emblématique d’Henri Pourrat se lit avec un bonheur total. Malgré ses 1000 pages en édition de poche, on ne s’ennuie jamais. Les rebondissements sont multiples, le danger est partout et Gaspard infatigable et facétieux.
Le style est presque paysan ce qui n’empêche pas une maîtrise littéraire impressionnante.
L’ouvrage parut en quatre volumes à quelques années d’intervalle : Le château des sept portes ou les enfances de Gaspard, A la belle bergère ou quand Gaspard de guerre revint, Le pavillon des amourettes ou Gaspard et les bourgeois d’Ambert, La Tour du levant ou quand Gaspard mit fin à l’histoire, tout cela sous le titre général de Les vaillances, farces et gentillesses de Gaspard des montagnes. Henri Pourrat a soigné ses titres !
Il faut lire ou relire ce grand roman si bien écrit et si sain.
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Les Livres d'Antoine 
Excellente idée de lecture. J’ai un livre d’Henri Pourrat sur mes étagères, je n’avais pas pris suffisamment conscience de la richesse de sa production. Merci !
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