Vie et destin est la suite de Pour une juste cause. Les personnages sont les mêmes hormis les morts du tome un dont nous taisons les noms pour ceux qui ne l’ont pas lu.

La famille Chapochnikov tient toujours le rôle principal. D’autres deuils et d’autres joies remplissent son existence, plus chaotique que jamais tant la guerre est présente. La partie militaire se déroule toujours à Stalingrad mais l’offensive allemande est bloquée et l’Armée rouge prépare sa grande contre-attaque.

Beaucoup d’éléments sont pourtant totalement différents. Car entre l’écriture de Pour une juste cause et celle de Vie et destin, Grossmann a changé. Les persécutions antisémites organisées par Staline lui ont, en quelque sorte, rendu la vue. Il a (enfin) compris que Staline était un monstre et le système communiste une sanglante tyrannie. Les purges des années trente sont maintenant largement évoquées alors qu’elles étaient tues dans le premier volume.

Elles se poursuivent d’ailleurs, y compris sur le front où un des membres de la famille Chapochnikov se fait arrêter à sa grande surprise et découvrira les geôles de la Loubianka à Moscou. Grossman renvoie dos à dos nazisme et communisme, deux faces d’une même logique totalitaire. C’est pour cela que le livre, achevé en 1960, ne sortira qu’en 1980, ailleurs qu’en Union soviétique.

Faut-il lire plus de 2000 pages pour découvrir cela se demanderont certains lecteurs de ce blogue (chaque volume faisant un peu plus de 1000 pages) ?

Oui car Grossman est un grand écrivain et la littérature qu’il nous propose est superbe. Qu’il s’agisse des évènements militaires, familiaux, politiques ou même scientifiques (les recherches de l’ingénieur Strum), tout cela est magnifiquement raconté. De grands moments passionneront les lecteurs : le chagrin d’une mère dont le fils est tombé au front, les chars du colonel Novikov perçant les lignes allemandes, les hésitations amoureuses d’Evguénia.

Stalingrad fut sans doute la plus grande bataille de tous les temps. Verdun n’a rien à lui envier en matière d’héroïsme et de sacrifices, mais elle ne se termine pas par la destruction impitoyable de toute une armée. C’est ce dernier point qui donne à Stalingrad son couronnement tragique pour les Allemands, glorieux pour les Russes. C’est pourquoi de Plievier (Stalingrad) à Gerlach (Éclairs lointains) côté allemand et de Nekrassov (Dans les tranchées de Stalingrad) à Grossman côté russe, cette bataille unique a engendré de grands romans.

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