« Une porte s’ouvre : entre silencieusement le Vice appuyé sur le bras du Crime, M. de Talleyrand marchant soutenu par M. Fouché. La vision infernale passe lentement devant moi, pénètre dans le cabinet du roi et disparaît. Fouché venait jurer foi et hommage à son seigneur ; le féal régicide, à genoux, mit les mains qui firent tomber la tête de Louis XVI entre les mains du frère du roi martyr ; l’évêque apostat fut caution de ce serment. »

Ces célèbres (et magnifiques) lignes ont été écrites par Chateaubriand dans les Mémoires d’outre-tombe. Il avait en effet assisté à cette scène incroyable. Fouché le régicide, l’homme qui a impitoyablement traqué les royalistes pour le compte de la Révolution, se rallie à Louis XVIII sur les conseils de Talleyrand.

Nous sommes en 1815, au lendemain de Waterloo. Napoléon vogue vers Saint Hélène tandis que Louis XVIII attend à St Denis de savoir s’il peut entrer à Paris et s’assoir sur le Trône vacant.

Deux hommes décident de tout : Talleyrand et Fouché. Le Vice et le Crime. Ils ne s’aiment guère mais se craignent. L’évêque libertin et corrompu a fait son choix : ce sera la restauration de la monarchie car sinon la France sombrera dans le chaos. Mais il faut convaincre Fouché, autre religieux apostat, sans qui rien n’est possible.

Talleyrand invite Fouché à souper dans son hôtel. La foule est dehors, sachant que le destin de la France se joue en ce moment. Les deux hommes ont peu de temps et engagent la discussion.

Jean-Claude Brisville a signé avec Le Souper une pièce très brillante. Son succès fut grand et un film, fort réussi, en fut ensuite tiré. Claude Rich et Claude Brasseur sont parfaits en Talleyrand et Fouché et magnifient un dialogue de haute volée.

Un très bon moment de détente et de culture.

NB Cette pièce est parfois éditée avec deux autres pièces du même auteur consacrées à un dialogue entre Pascal et Descartes puis aux premiers pas de Julie de Lespinasse dans le monde. C’est assez décevant et fort démagogique.