Officier français prisonnier en 1940, Fabrice rentre chez lui, dans les Landes, en janvier 1944. Il a bénéficié d’une intervention de Vichy.
C’est un homme meurtri : sa femme, Aydée (tous les prénoms des héroïnes de Pierre Benoit commencent par la lettre a), est partie pour Londres. Mais pas seule : un ami de Fabrice, évadé de son camp, était chargé de lui porter un message. Ils sont partis ensemble, et leur liaison ne fait aucun doute. Depuis, Aydée est devenue une aviatrice légendaire, tant par sa beauté que par son courage.
Fabrice traîne son mal-être et voit sa belle-mère qui entretient des relations ambigües avec des officiers allemands. Elle donne à Fabrice, qui ne demandait rien, un laisser-passer qui sera lourd de conséquences. On le prend pour un ami de l’occupant, on le sollicite pour une libération d’otages, le piège prend forme.
En juin 1944, après le débarquement, les évènements se précipitent. Aydée arrive clandestinement avec un officier anglais pourvue d’une mission de sabotage destinée à retarder la remontée des Allemands vers la Normandie. Fabrice les accueille et la tragédie se noue.
Ce roman est un des moins connus de Pierre Benoit et c’est pourtant un des plus intéressants. Il pose le problème de la résistance et de la collaboration avec doigté et sans manichéisme, ce qui est bien rare.
Sans être des chefs d’œuvre, les ouvrages de Pierre Benoit eurent un immense succès, notamment dans l’entre-deux guerres, en raison d’ingrédients efficaces : des aventures souvent exotiques avec des héroïnes aussi belles qu’improbables, mais, soyons juste, un style très sûr et un sens romanesque accompli. On peut se demander pourquoi l’Atlantide ou la Châtelaine du Liban sont parmi ses plus grands succès alors que la trame de l’histoire est assez invraisemblable. Sans doute à cause de la description des paysages, particulièrement réussie.
Mais d’autres romans, souvent moins connus, méritent le détour et Fabrice en fait partie.
Les Livres d'Antoine 