Le dieu noir Chronique romanesque du pontificat de miltiade ii ...

A l’approche de l’an 2033, peu de temps avant le deuxième millénaire de la mort du Christ, Léopold, archevêque de Kinshasa, visite sa ville dans la nuit tropicale. Il ne peut plus le faire de jour, l’insécurité est trop grande, sa notoriété aussi puisqu’il est un récent prix Nobel de la Paix.

Loin de là, deux hommes se parlent gravement. Les patrons de la CIA et du KGB vivent des heures graves. Le pape actuel laisse tout partir a volo. L’église d’Amérique centrale se détache de Rome et ses fidèles commettent des attentats aux Etats-Unis. L’église d’Asie suit le même chemin, persuadée que l’homme blanc ne peut comprendre ces églises qu’il a asservies. Elles veulent maintenant se libérer du joug du Vatican.

Les deux hommes, pour une fois, ont des intérêts convergents : l’anarchie catholique va détruire l’ordre établi et donc leurs empires qu’ils doivent protéger. Le risque est d’autant plus grand que la menace islamiste est croissante, surtout en Europe, où les attentats contre des églises se multiplient.

Ils tombent d’accord : ce pape doit disparaître et être remplacé par un homme qui mette fin à l’éclatement de l’Eglise et remette de l’ordre.

Comme prévu, le pape meurt brutalement et le conclave s’ouvre. Après de rudes péripéties, c’est Léopold qui est élu : le premier pape noir. Il est conscient et fier de ses origines, mais attention, son idée de l’Eglise est très claire : « Le pape a laissé se déchirer le tissu de l’Eglise. Je dois dire qu’il a commis là une erreur capitale. L’Eglise ne peut être qu’une, sainte, catholique et apostolique. Il n’y a pas d’Eglises d’Amérique, d’Asie ou d’Afrique. Il n’y a qu’une Eglise, une Loi, une Doctrine auxquelles il faut se soumettre. »

Le monde va se dresser contre le nouveau Pape qui a choisi de s’appeler Miltiade II, du nom d’un lointain prédécesseur, martyr au temps des persécutions et des catacombes : un retour aux sources.

Philippe Le Guillou est un auteur singulier, au style dense et brillant, parfois lyrique. Un vocabulaire très riche vient à l’appui de descriptions fortes et profondes. Autrement dit il est un vrai écrivain, ce qui ne court pas les rues de nos jours. Le Guillou ne cache rien des turpitudes d’une partie du Vatican et l’homosexualité ou la corruption de certains cardinaux n’est pas édulcorée. Sa culture, notamment artistique, est réelle. Tout cela fait de ce livre, un peu anachronique parfois, un beau moment littéraire.

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