Nicolas Kirsanov est heureux en ce mois de mai 1859. Il guette l’arrivée de son fils, Arcade, fraîchement diplômé, qui revient de Saint-Pétersbourg où il étudie. Arcade n’arrive pas seul : Bazarov l’accompagne. Nicolas est heureux de donner l’hospitalité à un ami de son fils, mais, très vite, Bazarov se rend volontairement peu sympathique et multiplie les insolences, exaspérant ainsi Paul, le frère de Nicolas.
Arcade explique à son père et à son oncle qui est Bazarov : c’est un nihiliste et il l’admire beaucoup. « Un homme qui ne veut rien reconnaître ? » demande Nicolas. « Qui ne respecte rien » corrige Paul. Arcade précise : « Un nihiliste c’est un homme qui ne s’incline devant aucune autorité. »
Nicolas est un propriétaire modeste aux idées avancées qui a partagé ses terres avec ses paysans. Ce nihilisme l’inquiète mais il ne veut pas froisser son fils, d’autant qu’il doit lui annoncer une nouvelle importante : veuf depuis plusieurs années, il vit avec une jeune paysanne dont il vient d’avoir un enfant.

En bon nihiliste, Bazarov n’aime que la science. Il rejette l’art, Dieu et l’amour. Mais une riche voisine, Anne, jeune et jolie veuve, le trouble. Il devient disert, rougit et revient la voir. Elle est intéressée mais méfiante. Ils s’aiment en réalité mais chacun a devant lui un obstacle majeur : Bazarov refuse, par principe, de croire à l’amour et Anne répugne à bousculer sa vie facile.
Héritier de Pouchkine par son classicisme, Tourguéniev fut aussi le précurseur du roman réaliste russe : trois ans après Pères et fils, paraîtront Crime et Châtiment de Dostoievski et Guerre et Paix de Tolstoï.

Ce roman très fin dissèque la naissance de l’amour chez Bazarov puis chez Arcade avec une grande sensibilité. Mais il est aussi l’occasion d’annoncer les grands bouleversements qui attendent la Russie. Nicolas, homme bon et intelligent, a renoncé à l’héritage spirituel russe et voit avec surprise Bazarov surgir pour lui apprendre la brutalité. Libéraux et nihilistes seront ensuite broyés par la révolution bolchévique. Même si le nihilisme est spécifiquement russe, ils font penser à ces intellectuels sceptiques et ces aristocrates libéraux que la révolution française fauchera elle aussi. Un roman prémonitoire.
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