La promesse de Friedrich Dürrenmatt, 1960

Dans le triste hiver de la Suisse alémanique, un spécialiste du roman policier rencontre un policier. Ils roulent ensemble puis s’arrêtent dans une station-service. Le pompiste, alcoolique hagard, se rassied après avoir fait le plein. Les deux hommes vont partir et l’entendent alors marmonner : « J’attends ! J’attends ! Il va venir ! » Le policier se tourne vers l’écrivain et lui dit : « Ce désolant déchet humain fut naguère mon collaborateur le plus précieux. Mathieu, voyez-vous, était un vrai génie. »

Le retour en arrière, de neuf ans, commence par un meurtre : une petite fille a été retrouvée assassinée dans un bois, à l’orée de son village. Mathieu, bien qu’il soit à la veille de partir en mission à l’étranger, se rend sur place. Il faut annoncer la nouvelle aux parents dont c’est la fille unique. Le père s’effondre mais la mère, d’un regard farouche, répond à Mathieu qui lui dit qu’il retrouvera l’assassin :

« Vous le promettez ?

Je le promets Madame Moser.

Sur votre âme ?

Le commissaire en resta tout interdit.

Sur mon âme, finit-il par jurer. Il n’avait pas le choix. »

Mathieu veut prendre l’enquête ce que la police refuse : il doit honorer sa mission à l’étranger. Alors il démissionne et s’attèle à la tâche.

Le colporteur qui a découvert le corps est un suspect idéal, déjà condamné. On l’accuse, on l’emprisonne, il se pend. L’affaire est classée. Mathieu est convaincu que ce n’est pas lui, une intuition de policier.

La petite Moser est la troisième assassinée en cinq ans avec le même mode opératoire, mais sur un grand territoire et sans aucun indice. Alors le brillant inspecteur déroule son raisonnement, ne laissant rien au hasard. Puis il a une idée et prépare son piège. Il n’y a plus qu’à attendre.

Ce petit roman se lit d’une traite. La finesse des analyses de Mathieu est impressionnante et tout au long, on se dit qu’il a raison, jusqu’au moment où cela dérape.

Friedrich Dürrenmatt, écrivain suisse de langue allemande, connut un grand succès dans son pays tant par son théâtre que par ses romans, à l’atmosphère souvent austère, comme le fut son enfance de fils de pasteur, mais pétillants d’intelligence.

Bien sûr, il peut être frustrant de connaître à l’avance l’échec de Mathieu, puisqu’on sait dès le début qu’il attend toujours.

Mais est-ce bien le cas ?

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