En 1805 un fameux pirate français, Peyrol, rentre chez lui, riche et las, pour prendre sa retraite. Il débarque à Toulon, anonymement, et se dirige vers la rade d’Hyères, son pays natal. Il trouve une auberge isolée qui domine la rade. Elle est tenue par Catherine, une vieille dame pleine d’énergie qui s’occupe de sa nièce. Arlette est une jolie jeune fille, mais très fragile et quasi-muette. Après la prise de Toulon par les révolutionnaires aux dépens des Anglais en 1793, ses parents, royalistes, ont été guillotinés. Elle fut sauvée par un « patriote » qui la ramena à sa tante, ensanglantée et traumatisée, alors qu’il avait lui-même été à la tête de la terrible répression toulonnaise.
Depuis, cet homme estime qu’il a des droits sur Arlette. Catherine n’acceptera jamais une union aussi monstrueuse mais la roue de l’histoire a tourné et le patriote sanguinaire est désormais haï dans le pays. Alors Catherine l’abrite par charité.
Peyrol sera le seul client de cette bâtisse étrange et isolée. Bientôt il voit un homme qui se promène régulièrement devant la rade et observe un navire anglais qui y stationne. C’est un jeune lieutenant français qui dément être en mission mais cela ne trompe pas Peyrol. Les deux hommes se parlent et s’observent, méfiants. La flotte de Nelson est au large surveillant la flotte française.
L’ambiance devient lourde : le bateau anglais fait débarquer des éclaireurs, l’officier français reste énigmatique, Arlette se promène la nuit et le patriote s’agite, la haine ancrée en lui. Tout cela sous l’œil tranquille mais acéré de Peyrol. Les évènements vont se précipiter jusqu’au dénouement, insolite mais héroïque.
Il est rare qu’un roman de Joseph Conrad ne se passe pas sur la mer mais devant elle. Et davantage encore lorsque le héros est âgé, comme l’auteur dont ce fut le dernier livre. Une sorte d’adieu qu’il a voulu situer en France, devenue sa patrie de cœur.
Une belle histoire où Conrad développe, une dernière fois, son goût pour les vertus héroïques.