« De mon grand-oncle Malicroix je n’attendais rien. » Martial de Mégremut, le narrateur, va pourtant recevoir quelque chose qui va bouleverser sa vie : une île, en Camargue, dans le delta du Rhône. Car Malicroix est mort sans descendance et Martial est le seul de son sang.
Le notaire lui donne un lieu et une date de rendez-vous où quelqu’un l’attendra : Balendran qui a servi Malicroix et vit dans l’île où il conduit l’héritier jusqu’à une maison, rustique mais solide. L’homme, peu causant, l’informe de s’installer quelques jours en attendant le notaire. Ce dernier lui lit un étrange testament : Martial, pour hériter, doit rester trois mois dans l’île, sans sortir. Ce terme échu, il prendra connaissance d’un codicille qui lui confiera une mission.
Tout le monde pousse Martial à rentrer chez lui : sa famille, le notaire, qui insiste un peu trop. Que cache-t-il ? Balendran se tait, attendant de savoir si ce jeune homme est digne de l’héritage du rugueux Malicroix. Certes Martial est doux, rêveur, botaniste à ses heures, c’est son côté Mégremut où l’amour du prochain est une règle de vie. Mais il est obstiné comme un Malicroix et il veut comprendre.
Le pays est dur, il fait froid, il n’y a personne que Balendran et son chien. Pourtant, une barque a filé un jour entre des roseaux, n’étais-ce pas une jeune fille qui la manoeuvrait ? Et ce passeur en aval, que fait-il puisque personne ne passe ?
Martial reste sur cette île perdue au milieu du grondement du Rhône finissant.
C’est peu dire que Henri Bosco est un grand styliste. Les dialogues sont économes et souvent lourds de sous-entendus, déroutant le lecteur, tandis que les descriptions sont d’une maîtrise impressionnante, comme celle de la tempête qui lève : «La première plainte de l’être nocturne ne fut, sur le chaume du toit, qu’un frôlement. Le vent flotta. Il fit flotter les feuilles. On entendit frémir la cime des arbres, et, très douces, sous deux poussées, frissonner, au faîte du chaume, les pailles sensibles. Puis tout se tut. Mais un bruissement s’éleva à quelque distance de la maison, et le monde des branches tressaillit. Un souffle. »
Ce roman dégage une atmosphère envoûtante qui ne s’oublie pas.
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