En Chine, en 1950, Mao vient de gagner la guerre civile et le pays bascule dans le communisme. Dans un petit village du Sichuan, province du centre, Xi Yan met au monde un fils, Kewan. Mais le bonheur de la jeune maman n’est pas complet. La vie est dure pour ces petits paysans et il faudrait un mari acharné au travail pour nourrir sa progéniture, sans compter les parents.
Or, Tian Yongmin n’aime qu’une chose : peindre. Il part de longues journées admirer la nature et essayer de représenter sa beauté avec un matériel de fortune. Son fils l’accompagne bientôt et observe, passionné, le travail du peintre amateur. Xi Yan est exaspérée : elle s’est résignée à avoir un bon à rien de rêveur comme mari, mais que son fils ne prenne pas la même voie !
Les évènements politiques décideront pour elle. Le régime organise d’une poigne de fer la nouvelle Chine. Expropriations, exécutions, auto-accusations, tout y passe. La famine aussi, après la campagne des 100 fleurs et la terrible répression qui suivra.
Le jeune Kewan, qui est devenu un homme, va avoir de la chance : un garde rouge remarque son talent. Or la Chine a besoin de peintres pour illustrer les bienfaits de la révolution. On l’envoie à Pékin, aux beaux-arts. C’est la consécration et le début d’une vie au service du communisme triomphant.
Paul Gréveillac est un jeune écrivain de talent. Après nous avoir emmenés en Union Soviétique avec Les âmes rouges, son premier roman, c’est le totalitarisme chinois qu’il dissèque cette fois. Avec autant de réussite. Son style est souvent brillant et, malgré les tragédies successives, l’humour est souvent là : « Au carrefour, un agent de circulation, dans sa petite rotonde vitrée, lui intima l’ordre d’aller plus vite afin de ne pas ralentir la révolution. »
Le lecteur suit ainsi trois générations de cette famille jusqu’en 1989 sur la place Tian’anmen.
Un roman passionnant.
Les Livres d'Antoine 