Dans un fjord norvégien, deux vieilles dames habitent un petit village, au pied des montagnes. Elles sont les filles d’un pasteur rigoriste et charismatique que la petite population vénérait.
Elles furent très belles et suscitèrent chacune un amour passionné : celui d’un jeune lieutenant écervelé qui se transforma au contact de Martine. Comprenant qu’il n’obtiendrait rien, il s’effaça et ne l’oublia jamais. Et celui d’un célèbre chanteur d’opéra français qui donna des leçons à Philippa. Elle resta inflexible et l’artiste repartit, inconsolable.
Martine et Philippa adoraient leur père et celui-ci avait, dans sa grande générosité, décrété qu’il avait besoin « de sa main droite et de sa main gauche » pour exercer son ministère. Les deux beautés restèrent donc vieilles filles.
Un jour, des décennies après, une lettre arrive : le chanteur d’opéra, qui n’a rien oublié, supplie les deux sœurs d’accueillir une veuve française, qui a perdu toute sa famille dans les évènements de la Commune. Elle doit fuir, elle n’a plus rien, et le chanteur d’opéra s’est dit, à juste raison, que Martine et Philippa ne refuseraient pas.
Les deux sœurs sont tout de même inquiètes : une Française, doublée d’une papiste ! Mais elles ne savent pas encore qu’elles accueillent une immense artiste qui, une dernière fois, exercera son art.
La Danoise Karen Blixen, qui habita longtemps au Kenya, se rendit célèbre par ses romans sur l’Afrique. C’est pourtant le dîner de Babette qui reste son plus beau texte, où se côtoient la grâce et l’élégance.
De cette nouvelle, un excellent film a été tiré « Le Festin de Babette ». On y retrouve, avec nostalgie, la merveilleuse Stephane Audran.
Karen Blixen
Les Livres d'Antoine 