Ceux qui craignent de se lancer dans la grande et tragique Histoire des Croisades en lisant des livres savants, peuvent commencer par des romans historiques d’une lecture aisée. La difficulté est d’en trouver qui soient à peu près conformes à la réalité historique.
Raimond d’Orient est de ceux-là.
Raimond d’Orient, c’est Raimond de Saint Gilles (surnommé Raimond de Toulouse) qui a décidé, en 1095, d’écouter l’appel du Pape Urbain II et de partir délivrer le Saint-Sépulcre. Il quitte tout, laisse son glorieux Comté à son fils, et part en faisant le voeu de ne jamais revenir.
Il doit retrouver plusieurs autres armées à Constantinople: les Lorrains de Godefroy de Bouillon, les Normands de Robert de Normandie, les Siciliens de Bohémond et Tancrède, et d’autres encore.
La foi les guide, l’ambition aussi, nul n’est parfait.
Raimond est à l’image de ses contemporains : fier, courageux mais orgueilleux et batailleur. Ces hommes étaient capables du meilleur comme du pire : ils craignaient Dieu et voulaient sauver leur âme, mais ils pouvaient aussi massacrer sans pitié. Leurs adversaires également, ne l’oublions pas. On ne peut les juger à l’aune de nos critères du moment qu’ils regarderaient avec une nuance de mépris.
Nous suivons cette Première Croisade (la seule qui ait réussi) de Constantinople à Nicée puis d’Antioche à Jérusalem : »Après trente-quatre mois de marche, de souffrances, de combats et de sang versé, Jérusalem était là, devant eux. Ce 7 juin 1099, ils mirent pied à terre pour s’agenouiller. Comme tous les pèlerins Raimond de Saint Gilles baisa le sol en rendant grâce à Jésus de l’avoir guidé jusqu’à son tombeau pour le délivrer ».
Le style est facile, mais l’action, bien construite, se lit avec plaisir. Et l’Histoire n’est pas trop malmenée : les batailles décrites se sont vraiment passées ainsi.
Dominique Baudis, qui fut Maire de Toulouse, aimait l’Orient. Il fit beaucoup pour les Chrétiens de la région et cet engagement lui valut de sévères critiques.
Comme tout biographe (même si c’est un roman historique) il s’attache un peu trop à son personnage et devient injuste avec les autres, en particulier Godefroy de Bouillon.
Mais ne boudons pas notre plaisir; lisez cette belle aventure, l’une des plus belles de l’histoire de France.
Citadelle de Raimond de Saint Gilles, Tripoli
Les Livres d'Antoine 