Parmi la très abondante littérature consacrée à la Première Guerre Mondiale, quelques titres sont passés à la postérité et méritent d’être lus, génération après génération.
Ce court récit est l’un des plus émouvants de tous.
L’auteur, lui-même ancien combattant, s’est glissé dans le personnage classique du narrateur. Mais un narrateur qui s’efface derrière ceux qui partagent ses souffrances.
Alors nous vivons avec « les copains », Gilbert, le courageux étudiant que les forts en gueule respectent, Sulphart l’éternel râleur, Broucke le placide ch’ti, Bréval le caporal à qui sa femme n’écrit plus et tant d’autres qui partagent la misère des tranchées et meurent au cours d’assauts idiots.
Dorgelès a très bien su faire monter l’intensité du récit au fil des pages. On commence doucement, près du front, au repos. Et puis il faut aller relever une autre escouade, subir les terribles bombardements, la pluie, la boue et enfin sortir sous le feu des mitrailleuses ennemies.
Le dernier combat dans un cimetière que se disputent Français et « Boches » est impressionnant : « Trois jours, cela fait trois jours que nous tenons le cimetière pilé par les obus. Rien à faire qu’à attendre. Quand tout sera bouleversé, qu’il ne devra plus rester qu’un mélange broyé de pierres et d’hommes, ils attaqueront. Alors, il faudra qu’il surgisse des vivants ».
On pense au fameux cri jeté en plein combat par l’Adjudant Péricard « Debout les morts ».
Le courage, la modestie de ces hommes sont incroyables et Dorgelès nous les restitue avec une simplicité émouvante.
Un beau livre pour rendre hommage à ces Poilus qui ont tant souffert.
Roland Dorgelès pendant la Grande Guerre
Les Livres d'Antoine 