Ceux qui connaissent l’œuvre de Stefan Zweig savent que son talent s’est exercé de façon aussi heureuse dans l’art du roman, de la nouvelle et de la biographie historique. Paul Morand était doté des mêmes dons, mais ils sont peu nombreux à disposer d’une palette aussi complète.
Il n’est pas exagéré d’écrire que ce Marie-Antoinette est une grande biographie. Si l’on peut parfois être en désaccord avec certains jugements moraux de Zweig, ses réflexions historiques et psychologiques sont tout à fait remarquables. Les portraits de Louis XVI et de Marie-Antoinette en particulier sont brillants : très sévère pour Louis XVI (peut-on le lui reprocher ?) et admiratif pour Marie-Antoinette.
Cette admiration reste cependant très objective. Zweig ne cache rien de la frivolité de la Reine au début de son mariage. Mais il s’incline devant son courage et sa dignité lorsque le temps du malheur arrive. Il souligne aussi sa détermination contre la révolution, peu imitée hélas.
Un autre personnage sort grandi sous la plume de l’auteur : l’Impératrice Marie-Thérèse, mère de Marie-Antoinette. Le sens politique de cette femme hors du commun est parfaitement restitué. Zweig nous gratifie aussi de moments épiques, comme la fuite à Varennes dont on lit les péripéties comme un roman.
Au-delà de la biographie, Zweig décortique l’engrenage fatal de la Révolution qui aurait pu être interrompu plusieurs fois avec seulement un peu plus d’esprit de décision. Un seul reproche : l’imaginaire opération de Louis XVI lui permettant ensuite d’exercer son devoir conjugal. Tous les historiens sont aujourd’hui d’accord pour affirmer que cette intervention n’eut jamais lieu.
Un livre d’histoire passionnant et d’une grande intelligence.
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