En 1860, la guerre fait rage entre druzes et chrétiens dans la montagne libanaise. Les druzes sont vainqueurs et se livrent à d’horribles massacres. Les chrétiens fuient vers Beyrouth. Encouragés par les Turcs, qui règnent sur la région, les druzes vont jusqu’à Damas poursuivre leurs exactions. Des milliers de chrétiens fuient et Beyrouth devient le réceptacle de la grande misère chrétienne.
La France intervient et rétablit l’ordre. Elle exige la punition des coupables d’exactions. Pour éviter une installation trop massive de l’armée française, les Turcs s’en chargent et déportent vers les Balkans, également sous domination ottomane, des centaines de druzes.
Ce sera le sort des cinq fils du cheikh Ghaffar. Il veut essayer d’empêcher cela, quitte sa montagne et va présenter sa requête à Ismaïl Pacha, le Turc qui règne sur Beyrouth. Cyniquement, celui-ci l’autorise à repartir avec un seul d’entre eux, qu’il devra choisir.
Ce sera le malheur d’un humble chrétien, vendeur d’œufs durs, Hanna Yacoub. Comme tous les matins, il laisse sa femme Helena et la toute petite Barbara et va vers le port. Les druzes sont là, enchaînés. Il en manque un, Hanna va le remplacer bien malgré lui. En dépit de ses supplications, il est frappé et déporté avec les massacreurs de ses frères.
Commence une terrible errance de Belgrade au Monténégro, en passant par la Bosnie, l’Herzégovine ou le Kosovo. De prisons en travail forcé, ce « chrétien de malheur » lutte pour revoir un jour Helena et Barbara.
Ce roman du Libanais Rabee Jaber est à la fois très original et très oriental. Fort bien écrit, il a le charme de l’orient, son côté poétique, obscur parfois, ou plus exactement un peu trop elliptique. Même dans les situations les plus dures, le lecteur n’est jamais tenté d’arrêter sa lecture. L’étrange monde druze est parfaitement restitué, même si l’auteur passe trop vite sur les massacres auxquels ils se sont livrés au profit de leur solidarité absolue, de leur force et aussi de leur compassion envers ce malheureux Yacoub. C’est le mystère des druzes, ces hommes capables des pires vengeances s’ils ont perdu des frères, mais aussi de charité envers les faibles.
Malgré un thème très dur, Les Druzes de Belgrade constitue une lecture au charme indéniable.
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