Silas Marner est tisserand dans la petite ville de Raveloe en Angleterre. Installé depuis quinze ans, son étrangeté suscite de nombreux commentaires : « Il n’invitait personne, s’approchât-on de sa maison à en franchir le seuil, et il n’allait jamais flâner dans le village pour boire une pinte à l’Arc-en-ciel ou bavarder chez le charron. » Enfermé toute la journée il travaille, fort bien d’ailleurs, et malgré sa misanthropie, les commandes affluent.
Ce que les gens du pays ignorent c’est que Silas a connu une grande épreuve. Membre d’une secte protestante dans le nord, il fut accusé par ses membres de vol. Sa fiancée l’abandonna pour épouser l’homme qui avait fabriqué les preuves et il quitta la ville.
Depuis cette douloureuse expérience, Silas avait renoncé à aimer hormis une chose : l’argent. Il le compte tous les soirs et travaille comme un forcené pour en accumuler toujours plus.
La famille qui compte à Raveloe s’appelle Cass. Elle n’a plus beaucoup d’argent mais mène grand train pour conserver son prestige. Le père, veuf, se complait dans sa médiocrité sans élever ses enfants qui accumulent les frasques. L’aîné, Godfrey, s’est marié clandestinement avec une femme qui s’est révélée droguée et qu’il a abandonné. Sa longue absence a fait beaucoup parler. Il tente de se faire oublier et regarde la pieuse et jolie Nancy avec désespoir : comment a-t-il pu se marier avec une femme perdue alors que le bonheur était là ? Le second fils est pire car il n’a même pas le fond de gentillesse de Godfrey. Ensemble, bien qu’ils se haïssent, ils tentent de trouver de l’argent pour payer leurs dettes.

Un jour, le 31 décembre de la quinzième année de la présence de Silas à Raveloe, l’épouse clandestine de Godfrey décide de se venger et part, avec son enfant dans les bras, pour surgir au bal annuel des Cass et faire valoir ses droits. Le destin de Silas va lui aussi basculer.
George Eliot nous offre encore un excellent roman. Peut-être pas au niveau des chefs d’œuvre que sont Le Moulin sur la Floss et Middlemarch (déjà présents sur ce blogue) mais d’une lecture passionnante. On y retrouve tout le talent romanesque de ce grand écrivain : des portraits de personnages si fins, des rebondissements inattendus et quelques scènes d’anthologie, en particulier lorsque Silas croit voir briller de l’or devant sa cheminée, mais ce qu’il trouvera sera bien différent. Il y a certes quelques faiblesses, comme ce chapitre VI un peu obscur et qui n’apporte pas grand-chose.
Nettement plus court que ses autres romans (300 petites pages chez Folio), Silas Marner peut-être une bonne introduction aux chefs d’œuvre de cette femme étonnante qui illumina la littérature anglaise du XIXème siècle.
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