
Jane Eyre n’est pas une petite fille heureuse. Orpheline, recueillie par son oncle qui meurt peu après, elle vit au sein d’une famille qui ne l’aime pas. Elle supporte tout mais vers dix ans se révolte et dit à sa tante qu’elle est maltraitée, méprisée et que celle-ci ne respecte pas sa promesse de la traiter comme sa fille. Ce coup de sang la mène en pension mais révèle un caractère fort, exigeant et d’une haute élévation morale. Ce n’est pas pour adoucir son sort ni pour se venger qu’elle parle mais pour dénoncer ce qui n’est pas juste. On retrouvera cette exigence morale tout au long du roman.
Une pension dans l’Angleterre du XIXème siècle ne peut guère être source de bonheur mais, grâce à l’amitié d’une camarade de classe, elle va apprendre la résignation, en attendant mieux.
Elle grandit et devient enseignante, puis trouve une place dans une propriété pour s’occuper d’une petite fille, orpheline elle aussi, dont le tuteur est M. Rochester. Une étrange relation se noue entre l’institutrice et cet homme dur, froid, écorché vif. Des mystères habitent cette maison et le sombre passé de Rochester intrigue Jane qui est fascinée par cet étrange personnage.
Il la demande en mariage. Elle est stupéfaite mais conquise. C’est alors que les mystères vont devenir des obstacles.
Ce classique de la littérature anglaise vaut le détour. Le romantisme y est certes très présent et c’est pour cette raison que certains le qualifient de désuet ou démodé. En réalité, c’est un très beau roman. D’une maturité d’écriture remarquable, il manie avec adresse les rebondissements qui sont loin d’être anticipés par le lecteur et celui-ci se laisse volontiers surprendre.
Comme ses sœurs, Charlotte Brontë eut du mal à se faire publier. Mais la morosité de sa vie fut un ardent aiguillon. Car à l’instar de Jane Eyre, Charlotte eut une vie difficile. Orpheline très tôt, elle vécut dans une triste maison et une lande désolée. Elle s’y promènera souvent et ses superbes descriptions de la nature anglaise et de son climat redoutable en sont directement issues. Les analyses psychologiques sont également très réussies, y compris des personnages secondaires. La description du jeune pasteur St.-John et de son égoïsme forcené camouflé sous des apparences de sainteté est remarquable.
Les aimables lecteurs de ce blogue savent que le XIXème siècle anglais y est très présent. De Jane Austen (Orgueil et préjugés, Persuasion) à George Elliot (Le Moulin sur la Floss, Middlemarch) en passant par Thomas Hardy (Les Forestiers) ou Charlotte Brontë, c’est une très belle littérature que nous offrent nos voisins d’Outre-Manche et beaucoup reste à dire.

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Merci pour le conseil de ce classique que j’ai lu il y a longtemps, dont je garde encore un très bon souvenir, et dont je comprends parfaitement le statut de classique.
Toutefois, j’ai souvent entendu dire que les Brontë, en raison du peu d’hommes qu’elles ont côtoyées dans leur vie, en avaient une vision assez pessimiste. C’est un sentiment que j’ai pu ressentir en lisant plus « Le Professeur », mais moins dans « Jane Eyre ». Quel est votre avis sur la question ?
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Dans ce roman, plus accompli, et de loin, que Le Professeur, Charlotte Brontë n’a pas une vision si pessimiste des hommes.
Jane est d’abord persécutée par une femme, veuve d’un homme bon qui l’aimait.
Au pensionnat, c’est avant tout le pasteur qui est odieux, plus que l’homme.
Quant à Rochester, il a ses défauts mais ses maladresses, et même son terrible mensonge par omission, n’en font pas un homme odieux, au contraire. Il aime Jane avec sincérité et cet amour est très touchant.
Nous sommes en réalité très loin d’un roman féministe.
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Oui, ce XIXème siècle anglais a beaucoup à nous offrir. Je rajouterais également volontiers Elizabeth Gaskell et Anthony Trollope à la liste. Je n’ai encore jamais eu celui-ci mais je me le note pour cet été !
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