Dans la chambre d’un hôtel de Boston un frère et sa sœur devisent. Elle est irritée et se demande ce qu’elle est venue faire aux Etats-Unis alors qu’elle était si bien en Europe. Son frère, calme et souriant, se réjouit au contraire et attend avec impatience de faire la connaissance de cousins inconnus, les Wentworth.
Félix se présente le lendemain chez ces cousins. Eugénie viendra plus tard : la coquette aime ménager ses effets. Tout le monde est à l’église, sauf Gertrude, un peu rebelle. Le dialogue s’engage et la jeune fille est enchantée de ce vent nouveau venu de si loin.
Ce n’est pas le cas du reste de la famille. M.Wentworth, l’austère patriarche et pasteur, est très inquiet : ces neveux inconnus risquent de troubler le bel ordonnancement familial. La sœur de Gertrude pense de même ainsi que M.Brand, le soupirant de Gertrude. Il n’a aucune chance mais s’accroche, encouragé par le pasteur. Tout cela est marqué du sceau implacable du puritanisme.
En bons chrétiens, il faut tout de même accueillir ces Européens et une cohabitation un peu contre-nature s’installe. Félix, malgré son souhait étrange de vouloir peindre chacun, avec talent et désinvolture, s’adapte fort bien grâce à sa bonne nature. Et puis il y a Gertrude…
Eugénie, dont les manières aristocratiques fascinent la famille Wentworth, évolue avec grâce et cynisme : « Le sentiment que les braves gens qui l’entouraient ne disposaient, en ce qui concernait sa remarquable personne, d’aucun terme de comparaison, lui donnait une impression de puissance presque illimitée. Il est vrai, comme elle se le disait à elle-même, que, si son public actuel était hors d’état de découvrir ses faiblesses, il resterait également aveugle à certaines de ses supériorités ; mais elle mettait fin à ses réflexions en se promettant de veiller à tout cela. »
Un neveu du pasteur s’intéresse à la fière Eugénie. Mais elle a laissé en Europe, un mari, un prince allemand avec qui elle ne s’entend guère. Il va falloir choisir, ce qu’elle n’aime pas.
Henry James, cet Américain si Anglais, s’est beaucoup intéressé à l’Europe et à la côte est des Etats-Unis. Avec sa délicieuse finesse psychologique, il observe cette rencontre de deux mondes, si lointains malgré leurs origines communes. Son style est toujours élégant et sa tendre ironie très juste.
Un joli moment de détente.
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