L’année de la victoire de Mario Rigoni Stern, 1985

En Italie du nord, en 1918, la guerre s’achève. Le jeune Matéo entend le silence pour la première fois depuis des années. Il se rappelle cette nuit terrible de mai 1916 où il a dû fuir sa maison en pleine nuit avec sa mère, ses sœurs et son grand-père. Le père est à la guerre bien sûr. Les Autrichiens avaient percé le front : « En se retournant, ils avaient vu leurs maisons sans vie, les portes et les fenêtres fermées comme elles ne l’avaient jamais été, pas même quand soufflait la tourmente. Le village brûlait, le clocher ressemblait à une torche. »

Maintenant il faut reconstruire ces petits villages alpins qui ont à peu près tous été détruits. Petit à petit les habitants reviennent. Ils ont tout perdu et beaucoup d’hommes manquent à l’appel. La grippe espagnole frappe à son tour. Cette fois ce sont les enfants et les vieux qui sont frappés. Matéo perd une petite sœur.

Mais rien n’arrête ces Alpins durs au mal. Une solidarité incroyable, venue du fond des âges, permet à tous de reconstruire un foyer. Cette fraternité ne s’épanche pas, elle est naturelle. La maman de Matéo va avoir un bébé car le père est revenu vivant. C’est l’hiver, et tous les jours des hommes vont déblayer le chemin afin d’être sûrs que le traîneau du médecin arrive à temps.

Cette chronique villageoise est à l’image du Sergent dans la neige et des Saisons de Giacomo. Simple, pudique et très attachante.

Mario Rigoni Stern n’aime pas les envolées lyriques. Il est économe de ses mots et de ses épanchements, mais on sent toute l’émotion retenue envers un peuple et une région.

Découvrez cette littérature qui, malgré la guerre, dégage une sérénité apaisante.