Résultat de recherche d'images pour "Les entremetteurs et autres nouvelles d'Edith Wharton"Inédites en France jusqu’en 2004, les huit nouvelles qui composent cet ouvrage se passent dans les bonnes sociétés new-yorkaise ou anglaise du début du siècle dernier.

La principale d’entre elles, Les entremetteurs, est une petite merveille d’esprit et de finesse. Assis sur un banc face à la mer, un jeune homme, Frederick Tilney, savoure sa solitude matinale. Une jeune femme, Miss Grantham, arrive et lui reproche d’être assis sur « son banc ». Les deux jeunes gens se connaissent un peu car derrière ce banc il y a deux très belles propriétés. Chacun est employé par une de ces maisons, appartenant à des nouveaux riches à qui il faut apprendre les bonnes manières.

Cette situation les humilie car ils sont issus de familles fort distinguées mais ils n’ont guère d’argent. Et si l’on mariait les nouveaux riches pour assoir sa position? L’un est célibataire et l’autre a une fille. Ou mieux : si Miss Grantham épousait le nouveau riche et Tilney la fille de l’autre nouveau riche ? Ce seraient deux mésalliances certes, mais chacun serait à l’abri du besoin.

En réalité, les deux jeunes gens distingués se plaisent mais refusent de le reconnaître. Et puis à quoi bon se marier si c’est pour être pauvre ?

De quiproquos en bouderies hautaines, le lecteur passe un moment délicieux sous la plume ciselée d’Edith Wharton : « Ayant dit cela, il s’assit à ses côtés et une préoccupation muette l’envahit. Miss Grantham endura cette attitude aussi longtemps qu’une jeune femme d’esprit le pouvait, puis elle se décida à faire prendre conscience à Tilney de sa présence en la lui retirant. »

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Les Réfugiés d’Edith Wharton

Les autres nouvelles sont un peu inégales mais le lecteur ne regrettera pas la lecture de plusieurs d’entre elles. La mission de Jane par exemple : M. Lethbury considère qu’il est affublé d’une femme aimable mais fort peu intelligente. Elle rentre un jour très émue ; son mari s’en aperçoit : « « Vous débordez d’une joie illicite. » Le regard de sa femme s’immobilisa mais cette fois c’était l’adjectif qu’elle fixait. Les adjectifs qu’il utilisait l’indisposaient toujours : inintelligibles, ils avaient un parfum d’impropriété. » C’est l’adoption d’une petite fille qui met Mrs Lethbury en émoi ; son mari consent du bout des lèvres et, par un détour tout à fait inattendu, cette enfant, bien malgré elle, les rapprochera. Ou Les réfugiés, qui voit s’affronter les Londoniennes les plus chics pour « attraper » son réfugié belge en 1914 et satisfaire ainsi aux exigences de la charité mondaine.

L’œuvre d’Edith Wharton, cette américaine très francophile, fait parfois penser à celle d’Henry James dont elle était d’ailleurs très proche. On y retrouve la même qualité du style et une finesse psychologique hors pair. L’ironie est souvent là mais ce n’est jamais méchant. Les dialogues sont savoureux et les observations d’une intelligence rare.

Cette littérature est de qualité et n’a pas pris une ride.

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