Résultat de recherche d'images pour "Man’d’Arc"La Varende nous prévient d’emblée : « Ce livre aurait dû paraître aussitôt après Nez-de-Cuir, à la suite duquel il se situe chronologiquement. Mais, si j’ai voulu tout de suite donner Le Centaure, c’est que, surpris par l’accueil fait à l’oncle effréné, j’ai tenu à montrer immédiatement le sacrifice du neveu qui le racheta. »

Man d’Arc est donc le troisième volet de ce cycle consacré à Roger de Tainchebray (Nez-de-Cuir) et Amélien de La Barre mais le deuxième chronologiquement.

Ainsi, Amélien n’est pas encore le père du Centaure de Dieu mais un jeune chouan fringant, avide de combats et de conquêtes féminines. Justement, nous sommes en 1832 et la Duchesse de Berry s’est lancée dans une tentative d’insurrection qui doit soulever tout l’ouest, après avoir échoué dans le sud. Son but est simple : chasser Louis-Philippe et ouvrir le trône de France à son fils qui doit devenir Henri V.

Beaucoup n’y croient plus et ne répondent pas à l’appel de Madame. Amélien y va bien sûr, rejoint par le jeune Louis de Réville. Une jeune paysanne, Manon, s’incruste et quitte aussi la Normandie pour aller vers l’ouest où l’on va se battre.

L’affaire est confuse, l’insurrection est ajournée puis relancée dans le désordre, la vouant à l’échec. Pas pour Amélien, « l’homme qui ne se décourageait jamais ». Avec Louis, il combat furieusement l’armée du « gros Philippe ». Manon, vertueuse et farouche, tireur hors pair, acquiert une belle popularité auprès des paysans qui la comparent à Jeanne d’Arc : elle devient Man’d’Arc.

En vérité elle aime Louis qui succombe chastement à son charme. Ils combattent ensemble jusqu’à l’apothéose tragique du siège de La Mégisserie.

Résultat de recherche d'images pour "Man'd’Arc"Ce roman se lit fort bien et avec plaisir. Ce n’est cependant pas le meilleur du cycle. Nez-de-Cuir et Le Centaure de Dieu lui sont supérieurs. La Varende se complaît un peu trop autour de cette paysanne improbable qui manque parfois de crédibilité. De plus, certains passages sont franchement obscurs. Cela reste toutefois un beau roman ; la conclusion est très belle plusieurs scènes sont héroïques et l’ambiance de l’insurrection catholique superbement restituée : « On vit des vieillards sangloter en baisant le drapeau blanc, et des jeunes hommes blêmir qu’on leur confiât l’enseigne. On avait sorti des reliques sans prix, des étendards fleurdelysés, dont les tavelures étaient du sang, et les loques, des balles. Les fils ceignirent les armes des chouans morts, devant leur portrait, en demandant : « Est-ce bien ainsi, père ? » ».

Comme toujours La Varende restitue la geste de l’aristocratie royaliste avec talent et ferveur. Le lecteur pourra utilement compléter sa lecture avec le roman de Michel Ragon (décrit dans ce blog) La louve de Mervent, qui se place du côté des sans grades en décrivant la même insurrection. Deux grands écrivains.

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