Un repas de famille dans un milieu petit-bourgeois à Paris en 1912. Martial, le timide médecin, regarde en rougissant Thérèse, sa jolie cousine. Bernard, du haut de ses 16 ans, observe avec mépris ce monde qu’il juge étriqué. Il se sent appelé à de grandes choses.
Thérèse va dire oui à Martial. Mais nous sommes déjà en 1914 et les amoureux n’ont droit qu’à une nuit de noces avant le départ. Bernard a devancé l’appel et rêve de gloire.
Martial se dévoue corps et âme pour ses blessés, sans souci du danger. Il va y laisser la vie. Bernard, après tant de morts et de souffrance, n’en peut plus. Il continue à se battre avec courage, mais devient aigri et cynique : « Cette plaie sur le grand corps du monde avait fait couler des flots de sang généreux. Maintenant on pouvait deviner déjà qu’elle se refermerait difficilement, que la cicatrice ne serait pas belle. »
Il s’en sort et veut, rageusement, rattraper le temps perdu. Grâce à une ancienne relation, un embusqué qui a fait des affaires, il se lance. Il observe, étonné, ce monde de l’après-guerre : « Quatre ans de carnage et, au bout, comme à la sortie d’un tunnel plein de nuit et de sang, ce salon plein de lumière, plein de femmes qui toutes étaient à prendre, cette atmosphère légère, capiteuse, grisante. »
Il croise Thérèse parfois, si différente de son nouveau monde qu’elle fuit. Elle va l’aimer mais dans ce tourbillon d’affaires douteuses et de femmes faciles, il sera difficile de se faire une place.
Ce roman posthume, écrit peu après la débâcle de juin 1940 (superbement décrite) est un des meilleurs d’Irène Némirovsky. Elle a bien connu ce monde de l’entre-deux guerres où elle rencontra le succès. Elle le décrit avec justesse et profondeur, d’une plume agile. Le volage et fragile Bernard se complète bien avec Thérèse si forte mais désarmée pour en faire deux portraits psychologiquement très réussis.
Un excellent roman.
Excellent roman ! Autant sur le fond que sur la forme, cet auteur décrit avec beaucoup de talent et probablement de justesse la vie de l’entre-deux guerres avec ses grandeurs et (beaucoup) de ses bassesses.
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