Amélien de La Barre est le fruit d’une longue lignée d’aristocrates normands. Ils ont été aux croisades, aux côtés de la Ligue (contre le protestant de Navarre) et chouans bien sûr. C’est d’ailleurs en sauvant un prêtre réfractaire que le père d’Amélien mourut. Il aurait pu s’enfuir mais il fallait aussi sauver des hosties consacrées ce qui lui fit perdre quelques minutes fatales.
Pourtant, la pratique religieuse n’est qu’extérieure chez les La Barre, et depuis longtemps. Ce qui compte avant tout, c’est l’épée, la chasse et l’amour des chevaux. Les jolies paysannes aussi. Les bâtards sont nombreux depuis des générations.
Amélien en est fier d’ailleurs, et lui-même…Il s’entend pourtant bien avec sa pieuse épouse, un peu distante toutefois. Il y a deux enfants : Manfred, le portrait de son père, vif, gai et sans trouble métaphysique…Ce n’est pas le cas de Gaston, frêle, nerveux et qui décontenance les siens par son amour de Dieu. Quand Amélien se révolte d’avoir perdu son père si jeune, « Qu’avons-nous fait à Dieu pour qu’Il soit toujours de l’autre bord ? », Gaston répond « Sa justice est dans l’éternel ».
On croit un moment que le roman sera consacré à Manfred, aîné de la dynastie. Mais l’auteur sait nous surprendre et c’est Gaston qui sera le Centaure de Dieu.
Si l’action démarre lentement (La Varende aime prendre son temps), l’intensité du roman monte progressivement pour aboutir à un superbe dénouement. Les rebondissements se succèdent et le lecteur tourne les pages de plus en plus vite
On croise même Nez de Cuir, le gentilhomme d’amour, bien vieilli, mais au maintien impeccable. Sa mort frappe la région : « Avec Roger de Tainchebraye mouraient ultimement l’Ancien régime, le prestige et l’amour : la vrais démocratie, celle qui ne condamnait pas l’âme du chef à s’abaisser au désir de la masse, mais qui soulevait cette masse de la poésie, de la noblesse de son chef. »
Le verbe de La Varende est étonnant, il n’appartient qu’à lui. Quelquefois on se dit qu’il exagère mais il reprend vite le dessus et le lecteur admire.
Ne passez pas à côté de ce roman dont la fin vous tiendra en haleine.
Je suggère toutefois au lecteur de commencer sa promenade lavarendaise par Nez de Cuir, présenté sur ce blog et qui a l’antériorité chronologique.
Content d’avoir pu enfin rentrer dans l’œuvre de La Varende avec ce roman dont l’esprit aristocratique, monarchiste et catholique est parfait, même si le style de l’auteur est très, très particulier, voire parfois obscure. Le moment ou (ré) apparaît « nez-de-cuir » est le meilleur.
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J’ai préféré largement ce « centaure » à « nez-de cuir ». Ce roman me parait plus fin et profond et ainsi montre davantage de sens.
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Superbe roman de J de La Varende. Mon préféré reste quand même l’homme aux gants de toile.
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