En 1994 Vassili Vassiliev écrit à Marie Belgorodsky pour lui annoncer la mort de sa grand-tante, Nathalie Belgorodsky. Il sera de passage à Paris prochainement et veut lui remettre le Livre des Destins de Wladimir, qui fut le mari de Nathalie. En Russie, un Livre des Destins, c’est un journal. Wladimir l’a tenu en 1916 et 1917, jusqu’à son assassinat le 15 août 1917.
En recevant cette lettre, Marie est déconcertée : elle ne connait pas ce Vassili et n’a jamais entendu parler de Nathalie ou de Wladimir. Pourtant elle est bien la petite-fille de Micha, le petit frère de Wladimir. Mais ces émigrés russes n’ont que peu raconté leur tragédie : ils ne voulaient pas regarder en arrière et infliger leur nostalgie à leurs descendants.
Marie accepte de rencontrer Vassili mais ne veut pas lui consacrer trop de temps et prétexte un dîner professionnel. Vassili est atterré d’apprendre que Marie n’a jamais entendu parler de Nathalie. L’entretien risque de tourner court, au fond Marie n’est pas très intéressée par cette histoire qu’elle ne connaît guère.
Résigné, Vassili lui offre tout de même le Livre des Destins de Wladimir et l’appel du passé va alors surgir :
« C’est pour vous. Traduit par mes soins. Il m’a semblé normal que vous ayez une copie du texte original. Et puis Nathalie aimait beaucoup son beau-frère Micha, votre grand-père. Elle m’approuverait de donner une copie à sa petite-fille française.
Je prends avec une soudaine émotion la chemise en papier.
Je vais annuler mon dîner, parlez-moi encore d’eux. »
Une belle et tragique histoire commence.
Anne Wiasemsky, récemment disparue, était la petite-fille de François Mauriac. Sa mère épousa le Prince Wiazemsky, d’où bien sûr l’intérêt d’Anne pour le destin des Russes blancs. Ses idées auraient pu l’en éloigner : elle fut féministe, maoïste et épousa le cinéaste Jean-Luc Godart.
Pourtant Une Poignée de Gens est un hommage très émouvant à ceux qui ont subi la révolution bolchévique et son cortège d’horreurs.
D’une écriture simple et fluide, Anne Wiazemsky nous offre un très beau roman.
C’est excellent ! Les personnages sont très attachants. A lire aussi « Au quatre coins du monde » qui raconte la période avant l’exil.
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J’ai beaucoup aimé, malgré les horreurs de cette période pré-révolutionnaire.
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