En 1940, dans le petit village lombard de Nomana, de jeunes catholiques italiens vivent, sans le savoir encore, leurs derniers moments d’insouciance joyeuse. Ambrogio Riva commence ses études et succèdera sûrement à son père à la tête de l’usine. Son ami Michele, l’intellectuel, veut devenir écrivain et observe tout dans ce but. Manno, le cousin orphelin, se demande à quelle vocation Dieu va l’appeler. Il y a aussi les ouvriers et les paysans, Luca, Pierello et Stefano. Tous sont amis car liés à la paroisse qui est le centre du village.
Ambrogio est attiré par la jolie Tricia (« Mon Dieu qu’elle est charmante, quels chefs d’œuvre que les femmes ! ») mais n’a guère le temps de mieux la connaître. L’Italie entre en guerre et il faut revêtir l’uniforme.
Presque tous partent en Russie, seul Manno est envoyé en Libye.
Les débuts sont heureux et victorieux, même si les Italiens n’aiment guère les Allemands. Affecté près du Don, Ambrogio découvre la beauté des paysages. Son nouvel ami, le lieutenant Bonsaver lui apprend les étoiles. Le front est calme. Mais « en guerre, ce qui préoccupe vraiment le soldat, c’est la situation de son secteur. C’est ainsi que le commencement des ennuis sérieux les prit au dépourvu. »
Sans le savoir, en cette fin 1942, des centaines de milliers d’hommes sont pris dans une poche dont il faut à tout prix sortir. Commence une retraite terrible, glacée et meurtrière. Beaucoup ne s’en sortiront pas, d’autres connaîtront l’enfer des camps soviétiques. Ces pages constituent un très grand moment de littérature. L’auteur nous entraîne aussi en Prusse orientale où Pierello assiste, horrifié, à l’exode tragique des civils allemands.
Prisonniers du corps expéditionnaire italien sur le front de l’Est
La tragédie prend fin et ceux qui rentrent en Italie tentent de reprendre une vie normale. Certains découvrent l’amour, d’autres le deuil après plusieurs années d’absence.
Eugenio Corti a emprunté son titre à l’Apocalypse : « Sortit alors un autre cheval rouge feu ; à celui qui le montait fut donné le pouvoir de bannir la paix de la terre pour faire s’entretuer les hommes. Et on lui donna une grande épée. » La barbarie des civilisations qui ont renié Dieu est au cœur de ce roman exceptionnel.
Dans une brillante préface, l’universitaire François Livi, fait un parallèle entre le succès du Cheval rouge et celui du Guépard de Lampedusa qui « fut un camouflet pour les néo-réalistes et les idéologues de la littérature engagée. » Comme Lampedusa, Corti eut du mal à se faire publier en Italie car il « heurte de front bon nombre de vérités officielles et de préjugés idéologiques de l’intelligentsia italienne, plus lents à s’effriter que le mur de Berlin. L’inspiration chrétienne de Corti ne fait qu’aggraver son cas. »
Le livre rencontra un grand succès et est régulièrement réédité. Il faut dire que ses qualités littéraires le justifient largement. Corti a de l’affection pour les principaux personnages du roman, probablement parce qu’il les a connus. Son histoire est à la fois celles d’Ambrogio, de Manno et de Michele . Il parvient à nous transmettre cette affection et nous vibrons tant aux bonheurs et aux malheurs des uns et des autres qu’ils deviennent un peu des amis.
Les 1000 pages de ce roman forment un monument littéraire dont la lecture est éblouissante.
PS – On a beaucoup dit que ce roman était mal traduit. Ce n’est pas exact. Il y a quelques fautes de genre mais la qualité du style de Corti est parfaitement restituée.
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Un livre magnifique. Très intéressant sur le plan historique. Très émouvant. Très beau sur le plan moral. A lire aboslument
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Je ne peux qu’approuver, c’est un des quelques livres qu’il faut avoir lus dans sa vie : ne pas se laisser déconcerter par les vingt premières pages, au delà, tout y est: le bien, le mal, la foi, des pans d’histoire méconnus mais pourtant fondamentaux. Un roman extraordinaire.
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remarquable à tous points de vue !
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LE livre qui m’a sans doute le plus marquée !
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« Le cheval rouge » (il caballo rosso, pour les puristes…) doit passer entre les mains de chaque jeune homme ou jeune fille, à partir de 17 ans je pense, pour entrer de manière lucide dans le monde. Par delà l’Histoire de cette offensive, puis retraite abominable, le lecteur y trouvera de manière très claire les origines de l’intelligentsia de gauche qui a accaparé les milieux de la presse au sens le plus large ; il faudra néanmoins attendre le dernier tiers du livre pour les lire…patience ! Les vertus et les souillures de l’Homme s’y battent en duel ! C’est horrible et édifiant ; aussi vaut-il vraiment mieux attendre 17 ans pour le lire ; et peut-être une vraie retraite de Saint-Ignace aussi ! De rigueur !
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