La Louve, c’est Rome. L’Agneau, le Christ.
En 258, à Cirta (devenue ensuite Constantine), le légat Caïus est embarrassé. L’Empereur Gallien a relancé les persécutions contre les Chrétiens : il faut sacrifier aux dieux sous peine de mort.
On lui amène plusieurs Chrétiens. Interrogatoires et tortures commencent. Certains abjurent, d’autres non. L’évêque Agapius retient son attention avec ses propos fermes sur le Dieu unique ainsi qu’une jeune fille, terrorisée, mais qui ne cède pas.
Caïus est soucieux de son devoir qui est d’exécuter les ordres de l’Empereur. Mais il est philosophe de formation et il aimerait comprendre pourquoi ces gens meurent, même quand ils n’en ont aucune envie : « En y réfléchissant, je m’avisais que le dieu des chrétiens tenait décidemment une autre place dans leurs vies que nos dieux dans la nôtre. D’une affaire de convenances, de politesse, en somme, envers le ciel, ils faisaient une espèce de tragédie. Pour nous, les dieux se tenaient depuis toujours à leur place, et il était tout aussi naturel de les honorer que de saluer ses parents le matin. Le leur m’apparaissait comme un amant jaloux. »
Le légat aimerait bien les sauver, la jeune fille est si belle et le vieil évêque si doux. Il faut les convaincre de sacrifier un peu voilà tout.
Le Préfet qui l’assiste aux procès est en revanche sans pitié. Il a peur que ce monde incompréhensible supplante un jour le sien. Que l’agneau dévore la louve en somme.
Caïus est devant son dilemme.
Lucien Jerphagnon, était philosophe, spécialiste de Saint Augustin, et historien de Rome. Avec La Louve et l’Agneau il s’est essayé au roman avec bonheur. Dialogues et réflexions sont d’une grande richesse, mêlés d’une érudition finement suggérée.
Curieusement, ce texte est également plein d’humour. Caïus s’y perd dans ces symboles où les animaux jouent un rôle confus : cet agneau immolé dans les cérémonies chrétiennes, comment le mange-t-on ? Et ce coq qui a chanté, d’où sort-il ?
La citation emblématique de Lucien Jerphagnon , « on n’a pas le droit d’emmerder un lecteur qui ne vous a rien fait », ne saurait s’appliquer ici.
Une lecture riche.
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Un régal qui mêle humour, érudition, philosophie au tragique. Magnifique !
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