Roger Nimier était incollable sur Les Trois Mousquetaires. Il pouvait par exemple réciter le menu complet d’un repas pris par les quatre amis dans une auberge. Et il en fallait beaucoup pour rassasier Porthos…
Attendre vingt ans pour avoir de leurs nouvelles, c’était trop et l’ami Roger a emprunté la plume de Dumas pour ajouter quelques chapitres à cette grande histoire.
L’action se déroule cinq ans avant Vingt Ans Après, donc quinze ans après Les Trois Mousquetaires.
Richelieu convoque d’Artagnan et le charge d’une mission secrète qui l’emmène à Rome. En voguant sur la Méditerranée, il sauve un bateau des Barbaresques. A bord, il y a une jeune fille. Elle a 16 ans, elle est jolie et s’appelle Marie de Rabutin-Chantal. Notre chevalier en tombe amoureux et lui fait la cour tout en poursuivant sa mission. Elle est la future Madame de Sévigné et l’on comprend donc que les efforts du galant ne seront guère couronnés de succès. Mais imagine-t-on d’Artagnan marié ?
Péripéties, duels et combats se succèdent pour aboutir à la bataille de Rocroy, magnifiquement racontée.
Nimier s’est si bien glissé dans le style de Dumas qu’on croit lire le maître lui-même, y compris dans les titres des chapitres : « Où il est prouvé qu’à Rome si la cuisine n’a qu’un étage, les églises en ont deux. »
Terminé un mois avant sa mort dans cette funeste Aston Martin, D’Artagnan amoureux est donc le dernier livre de notre surdoué des lettres. Antoine Blondin, l’ami inconsolable, nous offre une préface émouvante.
On a parfois dit que D’Artagnan amoureux n’était pas représentatif de l’écrivain. C’est faux. Du hussard au mousquetaire il n’y avait qu’un pas et Nimier l’a franchi avec élégance.