En 1897, aux Philippines, le pouvoir espagnol vacille. Certes, une paix fragile a été signée après la défaite des indépendantistes. Mais ces derniers se tournent vers les Etats-Unis qui y voient l’occasion de s’implanter durablement dans le Pacifique. Cette alliance va naturellement tout changer.
A Baler, un petit village côtier, Novicio et ses hommes attaquent la garnison espagnole qui est vaincue, puis se replient dans la jungle. Novicio pourrait devenir le grand chef de guerre impitoyable que les indépendantistes attendent mais il a un talon d’Achille de taille : il est subjugué par Sœur Lucia, une Fille de la Charité, belle, pieuse et très déterminée qui, tout en dirigeant l’école du village, a entrepris de le convertir.
Les autorités espagnoles renvoient une petite garnison à Baler. Elle est commandée par le capitaine Las Morenas, un homme valeureux mais au moral miné par un mariage qui bat de l’aile. Il est secondé par le lieutenant Martin Cerezo, rendu dangereusement déséquilibré par la mort de sa femme et de sa fille. Leur aumônier est un franciscain, frère Candido, longtemps puni pour une grave faute mais rentré en grâce à force de pénitences. Quelques dizaines d’hommes les accompagnent.
Novicio reçoit l’ordre d’attaquer à nouveau et d’être sans pitié.
Juan Manuel de Prada est un des grands écrivains espagnols contemporains. C’est un catholique assumé mais tourmenté. Ses personnages sont souvent sans nuances, tournés résolument vers le bien ou le mal. La tiédeur n’a pas droit de cité et le cours du récit en est le reflet. C’est un roman historique dur, âpre, sensuel parfois (avec deux scènes plus que salaces mais brèves…), et passionnant surtout. Tout cela est très espagnol au fond, avec ce que cela peut comporter d’excessif et d’attachant.
Dans ses œuvres passées, Prada avait déjà montré un grand talent d’écriture, mais parfois gâché par une excessive noirceur. Il a, cette fois, trouvé le ton juste et nous livre un beau roman historique.