Mirko Czentovice est le fils d’un misérable batelier du Danube. Orphelin très jeune, il est recueilli par le prêtre du village. Docile mais intellectuellement limité, indolent, indifférent à tout, le jeune homme fait le désespoir de son tuteur. Sa seule occupation consiste à regarder le prêtre jouer aux échecs avec ses amis.
Un soir il prend sa place et gagne toutes les parties. On lui fait alors rencontrer d’autres joueurs avec le même résultat.
Il gravit les échelons et devient champion du monde en quelques années : « Les plus hardis joueurs, ceux qui par l’intelligence, l’imagination et l’audace dépassaient infiniment Czentovice, ne purent résister à son implacable et froide logique, pas plus que Napoléon devant le lourd Koutousov, ou Hannibal devant Fabius Cunctator, dont Tite-Live rapporte qu’il présentait lui aussi dans son jeune âge des signes frappants d’indifférence et d’imbécilité. »
Le narrateur croise un jour sur un paquebot le jeune prodige et, aidé d’un rude écossais, lui lance un défi. La défaite cuisante est certaine mais un mystérieux inconnu va intervenir, modifier le cours de la partie puis affronter lui-même le champion.
Il en est l’exact opposé : brillant, nerveux voire instable, lui aussi a appris les échecs par hasard mais dans des circonstances très particulières.
Le jeu n’est plus un jeu, et les joueurs deviennent des adversaires impitoyables.
Cette nouvelle est posthume et c’est une des meilleures de Zweig. Son sens du tragique, présent dans toute son oeuvre, prend tout son relief dans ces quelques pages où les échecs peuvent être à la fois une thérapie et une pathologie.
A lire par tous, y compris ceux qui n’aiment pas les échecs.
Disponible dans de nombreuses éditions de poche.