Ceux qui ont eu la chance d’étudier la grammaire dans de bons livres (le Bled par exemple), se souviennent peut-être d’exemples de subjonctifs souvent suivis d’un nom mystérieux : H.Bosco. Certains écoliers rancuniers se sont longtemps demandés qui était ce H.Bosco qui les faisait tant souffrir.
Bien plus tard, en ouvrant un de ses romans, ils ont compris pourquoi M.Bled tenait tant à le citer : sa langue est une des plus pures de la littérature française du XXè siècle.
Mais au delà du style, il y a aussi chez Henri Bosco une capacité étonnante à créer une atmosphère mystérieuse dans cette nature provençale qu’il aimait tant : « Ces métairies que tourmente le vent d’hiver et que l’été accable, ont été bâties en refuge et, sous leurs murailles massives, on s’abrite tant bien que mal de la fureur des saisons. »
Le Mas Théotime est son roman le plus connu. D’autres sont peut-être aussi réussis mais il y a un charme et une force particulières dans celui-là.
Pascal, le taciturne propriétaire du Mas, aimait Geneviève qui ne pensait qu’à lui. Par orgueil et maladresse il l’a rejetée. Elle revient des années après sur cette terre sauvage que Pascal exploite avec ses métayers. Que veut-elle, que fuit-elle après des amours tumultueuses ?
La passion de la terre habite ces hommes et ces femmes qui parlent peu, s’aiment avec pudeur et s’inclinent devant la force de la nature et des saisons : « En respectant leur majesté, ils se sont accordés à la pensée du monde, et ainsi ils ont été justes, religieux. »
Mais il y a aussi un voisin (et cousin), Clodius, qui hait Pascal et le harcèle pour le faire partir.
Henri Bosco nous entraîne dans cette ambiance très particulière où le temps s’écoule lentement. Le lecteur se laisse aller et admire la nature.
Un crime survient, ébranlant tout l’équilibre. L’assassin est là, Geneviève devient de plus en plus mystérieuse (est-ce elle qui, une nuit, semble se faire obéir d’une meute de sangliers sauvages ?) et Pascal semble perdu malgré l’amitié des métayers et de la belle Françoise si joliment décrite : »Malgré sa jeunesse et ce je ne sais quoi de plus charmant qui lui donne une grâce assez tendre, Françoise est bien de sa race sérieuse. Tout en elle annonce le goût du calme : son pas qui prend si bien possession de la terre, ses mains lentes et laborieuses, son regard attentif, et sa parole utile, censée. Mais la voix reste toujours douce et d’un timbre pur. Prise au coeur, elle tient d’une âme sans impatience cette douceur et cette pureté. »
Ouvrez le Mas Théotime et lisez-le en prenant votre temps comme Henri Bosco l’a écrit