A Lodz, en Pologne, à la fin du XIXe siècle, trois hommes rêvent d’ascension.
L’aristocrate polonais Karol Borowiecki est salarié d’une usine de textile, la grande activité de la ville. C’est un génie de la couleur des tissus, il veut devenir le roi industriel de Lodz. Il s’associe avec l’homme d’affaires juif Moritz Welt, une canaille qui ne pense qu’à l’argent et ne manque pas d’intelligence. Max Baum, quant à lui, est le fils d’un industriel allemand sur le déclin. Son père, pétri de charité, se ruine à aider tous ceux qui sont en difficulté. Cela exaspère Max, paresseux et cynique, qui pourra rejoindre le duo ambitieux sans dépareiller. Car quand il travaille, il est très efficace.
Les trois hommes partent à l’assaut de Lodz, prêts à tout. Ils représentent ces trois communautés qui se jalousent, se concurrencent ou s’associent. Tous les coups sont permis entre ces Polonais catholiques, ces Allemands protestants et ces juifs, craints et détestés à la fois. La condition ouvrière est épouvantable et peu s’en émeuvent.
Certains, tout de même, n’acceptent pas ce cynisme généralisé où seule la réussite compte, et celle-ci n’est mesurée que par l’argent. Le médecin Wysocki soigne les pauvres gratuitement, le jeune Josio donne tout son salaire à sa mère, le père de Borowiecki tente de maintenir les traditions. Il a auprès de lui, à la campagne, la fiancée de son fils Karol, la lumineuse Anka. Elle aime tant son futur époux qu’elle lui a donné sa dot avant même le mariage pour lui permettre de construire son usine. Anka est une figure lumineuse dont Borowiecki n’est pas digne.
Wladislaw Reymont obtint le prix Nobel de littérature en 1924, deuxième Polonais ainsi couronné après Henryk Sienkiewicz ( Par le fer et par le feu, Quo Vadis ?). Son talent de romancier fut ainsi justement reconnu.
La terre promise est une très belle fresque illustrant les excès du capitalisme industriel. Cela se passe en Pologne, nous pourrions être en Angleterre ou en Allemagne. Les descriptions des usines sont superbes, les personnages, très nombreux, ont beaucoup de force à part deux ou trois dont l’auteur aurait pu se passer, comme le triste Bernard ou le parasite Boum-Boum. Ils disparaissent d’ailleurs au fur et à mesure de la montée en intensité du récit. Car quelques passages du début peuvent susciter un doute : est-ce vraiment un grand roman ? La réponse vient progressivement, l’attention du lecteur croît et il tourne les pages en se demandant comment finiront Anka et Borowiecki. Les évolutions de Moritz et de Max sont également intéressantes : l’arbre tombe souvent du côté où il penche, mais pas toujours.
Le lecteur ne doit donc pas craindre d’attaquer ces 990 pages traduites en français pour la première fois. En Pologne, c’est un classique et le grand cinéaste Andrzej Wajda en fit un film, très populaire, malheureusement introuvable en France.
Un voyage passionnant.
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