Tönle Bintarn est un jeune paysan du nord de l’Italie, du Plateau comme l’appellent ses habitants. Ils sont un peu agriculteurs, un peu bergers, un peu contrebandiers aussi. C’est assez naturel quand on est pauvre, isolé et que l’on vit dans une région qui marque la frontière entre l’Italie et l’Autriche. Les conflits territoriaux y furent fréquents. Tönle est d’ailleurs né dans l’Empire austro-hongrois avant de devenir italien après 1866.
Un jour habituel de contrebande, Tönle frappe un douanier alors qu’il allait être pris. Condamné à quatre ans de prison par contumace, il doit fuir et commence une longue errance à travers l’Europe. Il exerce plusieurs métiers, gagne de l’argent et revient clandestinement au village l’hiver suivant. En cette saison et avec toute cette neige, les carabiniers sont moins zélés.
Il se cache le jour et rejoint sa femme la nuit, avec la complicité vigilante du village où l’unité règne. Il participe même à des veillées, sachant que le risque de dénonciation est nul. Il en sera ainsi pendant plusieurs années où Tönle, sans jamais se plaindre, mènera cette vie étrange et dure. Des enfants naissent et l’état-civil enregistre leurs noms « avec quelque ironie mais l’archiprêtre tranchait : si les carabiniers du roi n’arrivaient pas à arrêter le père, il n’y avait pas de raison de supposer que sa femme concevait d’un autre que lui. »
L’amnistie arrive enfin et Tönle peut mener une vie normale auprès de sa famille. Mais un grand malheur va arriver avec la guerre de 14. Le village sera sur la ligne de front.
Le nom même de Mario Rigoni Stern est un symbole de ces paysans à la fois autrichiens et italiens. Toute son œuvre sera consacrée à la beauté de la nature et au charme de ces villages alpins. Mais aussi aux guerres. Celle de 14 qui a détruit cet art de vivre et la suivante que Rigoni fera sur le front de l’est. Il a raconté cela dans son chef d’œuvre Le sergent dans la neige que tous les écoliers italiens ont lu pendant des décennies.
Avec Les saisons de Giacomo et L’année de la victoire, Histoire de Tönle constitue une trilogie pleine de charme et de mélancolie. L’auteur n’enjolive jamais, son style est simple et dépouillé, comme ses personnages. En peu de pages, Rigoni nous emmène dans son monde disparu à jamais et on le suit volontiers.
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Les Livres d'Antoine 
Un livre, une trilogie, extraordinaires. Le temps s’arrête. Le style de l’auteur, de pas sa pureté, est magistral.
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