Ce petit livre est une biographie romancée du Général Suter. Cet homme exceptionnel, parti de rien, a bâti une immense fortune en exploitant les terres fertiles de la Californie, encore quasiment vierges, avant d’être ruiné par la ruée vers l’or.
Suter ne débute pas son épopée de façon grandiose : en 1834, il abandonne sa femme et ses quatre enfants après une faillite frauduleuse, quitte sa Suisse natale et s’embarque au Havre vers son destin.
Avec son style si original, mais très accessible, Cendrars parvient à nous passionner pour cet étrange personnage : « Premier voyage, New York. A bord, il y a August Johan Suter, banqueroutier, fuyard, rôdeur, vagabond, voleur, escroc. Il a la tête haute et débouche une bouteille de vin. »
Après quelques mois d’errance il s’établit comme fermier au croisement du Missouri et du Mississipi. Il offre à boire à tous ceux qui passent et écoute.
« Un jour, il a une illumination. Tous, tous les voyageurs qui ont défilé chez lui, les menteurs, les bavards, les hâbleurs, et même les plus taciturnes, tous ont employé un mot immense qui donne toute sa grandeur à leurs récits. Ceux qui en disent trop comme ceux qui n’en disent pas assez, les fanfarons, les peureux, les chasseurs, les outlaws, les trafiquants, les colons, les trappeurs, tous, tous, tous, tous parlent de l’Ouest, ne parlent en somme que de l’Ouest.
L’Ouest.
Mot mystérieux.
Qu’est ce que l’Ouest ? »
L’aventure mènera Suter jusqu’en Californie. Le lecteur suit cet incroyable destin et s’attache à son héros comme à son auteur, Blaise Cendrars, ce Suisse haut en couleur, engagé volontaire dans l’armée française en 1914. Il y perdra sa main droite et apprendra à écrire de la main gauche.
Suter était un sacré personnage mais Cendrars aussi !