En 1938, un vieux prêtre, Francis Chisholm, gravit en boitant le chemin qui mène à sa paroisse, l’église Sainte-Colomba, en Ecosse, le long de la Tweed.

Après 35 ans passés en Chine, le missionnaire, usé jusqu’à la corde, aimerait finir paisiblement sa vie dans ce lieu où il est né. Il a adopté un enfant, André, et l’élève seul. Ses excentricités orientales déplaisent, ses propos parfois étranges aussi, sans parler de l’enfant.

L’évêque pense le mettre à la retraite, ce qui horrifie Francis Chisholm. Un visiteur canonique arrive, il devra rendre un rapport. Cela n’augure rien de bon.

Alors l’abbé se souvient. Son enfance heureuse, la tragédie familiale, le séminaire et puis la Chine. Un pays si complexe, aux règles si différentes. Une pensée explicitée peut être vue comme un affront, une question comme une impolitesse. Et pourtant, après d’immenses déceptions, il obtiendra des résultats, des conversions, l’amitié de certains mandarins, la confiance des pauvres.

Mais en Chine, rien n’est jamais sûr.

Plusieurs aimables lecteurs de ce blogue se sont étonnés de l’absence d’Archibald Joseph Cronin. Ecossais, médecin des pauvres, Cronin connut un immense succès romanesque. Son goût des histoires tragiques, sa façon simple de les raconter, ses héros purs mais tourmentés, tout cela a fait le succès bien mérité de cet écrivain attachant.

Je me suis donc replongé dans Les clés du royaume, bonheur littéraire propice à l’adolescence mais qui convient aussi à tout âge.

C’est un roman profondément catholique, avec, déjà, quelques accents modernistes, mais l’énergie et l’immense charité de Francis sont impressionnantes. La description de la Chine est superbe et la confrontation avec la religieuse venue l’aider, poignante.

Un beau voyage plein de fougue et d’aventures.

A.J. Cronin