En 1899, quatre hommes font connaissance sur un bateau qui les emmènent vers l’Indochine. Francis Mareuil n’a rien laissé derrière lui et part à l’aventure. Alban Saint-Réaux, élégant et phraseur, fils dévoyé, veut changer de vie mais compte tout de même sur ses relations familiales pour se faire une place au soleil. Ronan Kervizic quitte la Bretagne où ses conceptions de la médecine ne plaisaient guère. Camille Tannère est le seul à connaître l’Indochine qu’il aime malgré sa haine de l’administration française.

L’Indochine fait rêver à cette époque. On dit que les gens courageux et débrouillards y font fortune. Mais il y a le climat impitoyable, les maladies et la population si lointaine, si difficile à comprendre et si disparate : les Annamites sont très différents des doux Cochinchinois qui n’ont rien à voir avec les austères Tonkinois.

Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, nous suivons avec plaisir le destin de ces hommes qui resteront amis. L’Indochine les a happés, ils en sont amoureux, malgré ses pièges mortels.

Erwan Bergot, ancien officier de la Légion, combattant héroïque, prisonnier à Dien Bien Phu, fit une seconde carrière d’écrivain. Après de nombreux récits militaires de très bonne facture, il se lança dans cette grande fresque du Sud lointain.

Le style est alerte, facile, un peu trop. Ce n’est pas de la grande littérature mais Bergot connaît son sujet, et restitue parfaitement l’atmosphère de cette colonie du bout du monde qui a ensorcelé tant de Français. Certains passages sont exagérément crus, peut-être le côté légionnaire de Bergot. Il y en a peu mais le livre n’est pas à conseiller à la jeunesse.

C’est en tout cas un beau voyage que nous propose l’auteur, où rien ne manque, planteurs, officiers, gouverneurs, affairistes et le grouillement indochinois où perce déjà le Viet-Nam.

Erwan Bergot