En contemplant les premières gelées d’octobre, deux hommes échangent de rares paroles, pour une affaire d’importance : Euchariste Moisan veut épouser Alphonsine. Branchaud, le père, consent et paiera la noce. Il faut maintenant qu’Euchariste convainque son oncle Ephrem de lui donner ses trente arpents de terre et d’aller enfin se reposer. Ephrem est en effet fatigué et lui aussi donne son accord. Tout se présente donc bien pour Euchariste, orphelin sans argent mais sauvé par l’honnête Ephrem qui n’a pas d’enfants.

 Nous sommes au Québec dans la seconde moitié du XIXe siècle. Ces Français venus dans le Saint Laurent depuis plusieurs générations pour la plupart, n’ont pas la vie facile. Ils travaillent dur, ont de nombreux enfants (souvent plus d’une dizaine) et ne quittent leur labeur que pour la messe du dimanche.

 Tout semble immuable, Dieu, à qui l’on donne volontiers des prêtres et des religieuses, et la terre qui est généreuse. Mais les jeunes commencent à regarder ailleurs, vers la ville ou pire vers les Etats, c’est à dire les Etats-Unis. Euchariste ne comprend pas cet attrait : que faire sans la terre dans un pays qui n’est pas catholique ? Mais comment s’opposer à la marche du temps et Euchariste lui-même est-il assez attentif et généreux avec ses propres enfants ?

 Ringuet, de son vrai nom Philippe Panneton, nous donne un roman magistral qui est un classique de la littérature québécoise. Dans la lignée de Maria Chapdelaine ou Menaut, maîtredraveur, il met en scène « nos cousins du Québec », si attachants mais vaincus militairement puis culturellement par l’étau anglo-saxon.

 Le style est superbe tout comme la force du récit et les dialogues recèlent de nombreuses et délicieuses expressions québécoises.

Un très beau roman plein de charme et de mélancolie.

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