La superbe trilogie de Miklos Banffy (Vos jours sont comptés, Vous étiez trop légers, Que le vent vous emporte) raconte le déclin de l’Empire austro-hongrois et annonce sa chute prochaine. Elle s’arrête en 1914 et le roman se déroule à travers le prisme de l’aristocratie hongroise.
Le roman de Zilahy en est la suite chronologique et le prisme est le même, mais avec une seule famille cette fois, les Dukay.
La comparaison s’arrête là toutefois : de la gravité de Banffy nous passons à l’ironie grinçante, parfois burlesque, mais si brillante, de Zilahy.
Ce dernier est plus sévère que Banffy et la vie des Dukay, aristocrates de haute lignée à l’immense fortune, est racontée sans concession. Le désastre familial auquel nous assistons semble inéluctable et c’est au fond, là aussi, la rançon d’une invraisemblable légèreté collective.
Cette histoire tragique, mais si touchante, nous passionne de bout en bout. Malgré la sévérité de ses jugements, Zilahy, comme Banffy, se désole et l’on sent, au fond beaucoup de nostalgie. Témoin le récit de la mort et de l’enterrement de l’Empereur François-Joseph en 1916 : »La nouvelle se répandit aussitôt dans la ville impériale comme une explosion dans une grotte. En moins de quelques minutes, le son de la déflagration traversa le ciel, la forêt et les montagnes, les champs de bataille et les océans. Avec un bruit de tonnerre, une grille majestueuse et rouillée se fermait, à l’entrée de l’éternel tombeau d’un géant. »
Zilahy s’incline également devant la dignité de Charles et Zita, le couple impérial exilé à Madère, que la belle Kristina Dukay ira aider.
La véritable héroïne est la petite soeur, Zia. Sa vie agitée (avec des développements d’une sensualité parfois crue, le lecteur est prévenu) sont le reflet de la fin d’un monde.
Mais elle aussi est très attachante : ses qualités humaines sont réelles et profondes, et il s’en faut de peu qu’elle ne soit le symbole d’une aristocratie qui s’adapte tout en gardant son rang. Ce n’est pas tout à fait sa faute, tant le mal vient de plus loin.
Découvrez le « crépuscule cuivré » de l’aristocratie hongroise, c’est un beau voyage littéraire.
Très belle histoire, remarquablement écrite. Quel dommage que l’auteur raconte les turpitudes de certains personnages avec une décontraction et un naturel qui les fait paraître normales. Cela fait planer un malaise qui gâche le reste…
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J’ai prévenu qu’il y avait des passages un peu crus.
De là à dire que cela gâche le reste, je ne suis pas tout à fait d’accord.
Je pense que c’est un roman très intéressant.
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